Certaines personnes favorables au vote électronique utilisent l’argument écologique. Passons en revue ces arguments.
« Le vote électronique est plus écologique car il économise du papier« : Pas forcément vrai mais surtout choquant.
- Cet argument écologique n’est pas opérant de façon isolée car il ne prend pas en charge le bilan écologique des systèmes électroniques qui est très mauvais à la fois en fabrication et en utilisation (beaucoup de pétrole, des métaux lourds, de l’électricité…). Le bilan du vote électronique est totalement défavorable pour l’utilisation de machines à voter et peut se discuter pour le vote par internet.
- Mais il est surtout choquant que l’on veuille économiser en premier les quelques grammes de mon bulletin de vote et mes enveloppes alors que l’on reçoit chaque année environ 35 kg de publicité non adressée en papier par foyer (source ADEME).
« Voter par internet est bon pour le bilan carbone car il évite déplacer ses troupes à travers tout le territoire pour déposer un bulletin dans l’urne.« : Faux et aussi choquant
Ce qui est choquant est que l’on accepte de se déplacer pour faire ses courses mais que l’on remet en question les déplacements pour quelque-chose d’aussi important qu’une élection.
Mais surtout, cet argument est faux car à distance, il n’existe pas que le vote par internet. Le vote par correspondance existe aussi et le matériel de vote peut très bien être imprimé par l’électeur lui-même. Le vote par correspondance n’est pas parfait mais est bien meilleur que le vote par internet [1] qui ne peut pas prétendre à respecter les critères démocratiques [2]. Certaines techniques comme la visioconférence permettent de limiter les déplacements mais en matière de vote, aucune technique dématérialisée ne permet aujourd’hui d’être vérifiable.
Sources:
[1] : La seule étude indépendante sur le sujet conclue que le vote par internet rend les vulnérabilités invisibles et étendues. « Vulnerability analysis of three remote voting methods » par Chantal Enguehard & Rémi Lehn – Université de Nantes, XXI IPSA World Congress of Political Science, RC10 Electronic Democracy – Dilemmas of Change?, Chili (2009).
[2] : « Il apparaît que le vote par internet est moins fiable que le vote par correspondance car sa complexité introduit de multiples failles de sécurité tandis que le manque de transparence inhérent à l’outil informatique entraîne inéluctablement des doutes quant à la sincérité des élections. », conclusion du résumé de l’article « Vote par internet : failles techniques et recul démocratique », par Chantal Enguehard, Université de Nantes, Jus Politicum, N°2, Droit, politique et justice constitutionnelle, mars 2009.
le lien vers le 2eme document est invalide !, mais on retrouve facilement le papier
.
Les deux papiers sont réalisés par une chercheuse en science sociale et cela se voit vite dans les détails techniques, certains à priori sur l’Internet et sur sa méconnaissance de la cryptographie, du P2P et du logiciel OpenSource. Par exemple le découpage en étapes peut ne plus avoir de sens avec Internet (les résultats sont dispos en même temps que le vote!), In n’y a pas d’autorité, ni de serveur, simplement un réseau décentralisé d’ordinateurs relié entre eux. Ce n’est pas parce que vous utilisez un protocole non démocratique pour voir votre compte en banque que cela doit se passer de la même façon pour un e-vote.
Merci pour le signalement du lien, j’ai pu le corriger.
Quand à la suite de votre message je ne sais pas si je dois répondre tellement j’ai l’impression que c’est gros.
Vous voulez amoindrir l’impact des travaux de Chantal Engheard mais ses travaux ne sont difficilement opposables pour le moment car elle est la seule personne (à ma connaissance) à avoir fait des recherches sur l’aspect démocratique du vote électronique. Nous sommes nombreux à demander que des recherches soient faites sur le sujet et Mme Engheard a mis longtemps avant d’être prise au sérieux par ses pairs au motif absurde qu’elle était la seule sur le sujet!
Concernant le qualificatif de « chercheuse en science sociale » qui dans vos propos semble avoir une connotation négative, il est évident que ces recherches sont forcément d’une composante sociale car elles traitent de la démocratie. Mais concernant les a priori, c’est plutôt dans vos propos que j’en détecte à moins que je les aient mal compris. En effet, Mme Engheard travaille dans un laboratoire d’informatique mais aussi au CREIS (Centre de coordination pour la Recherche et l’Enseignement en Informatique et Société), quelle meilleure carte de visite? Quant à sa supposée méconnaissance de la cryptographie, je pense que c’est une méconnaissance de votre part de ses travaux (mais ils sont nombreux il est vrai). Elle appuie notamment ses raisonnements cryptographiques (surtout dans les derniers papiers) sur les travaux du cryptographe Eric Filiol qui lui non plus, ayant étudié la question, n’est pas tendre avec le vote électronique.
Quoi qu’il arrive, pour travailler moi aussi dans un laboratoire de recherche, je reconnais qu’il est sain de critiquer les travaux scientifiques des autres… mais je crois avec des arguments scientifiques. Alors à quand une étude scientifique qui démontre les bienfaits démocratiques du vote électronique?
Merci de cet échange riche.
Bonjour Hervé,
J’étais un peu rapide dans mon propos. Le travail de Chantal est certes très intéressant pour l’étude historique du processus de de ‘e-vote’, mais elle n’intègre pas les avancées en crypto de la dernière décennie. Par exemple, l’article « How to leak a secret » de 2001. Il présente la signature de cercle (ring signature), qui est ensuite la base de nombreuses propositions de systèmes de ‘evote’ pour l’instant sur papier, mais que j’espère voir le jour par des implémentations et des tutoriaux.
Je suis d’accord avec vous sur les danger du vote électronique pratiqué pour EELV/ Extelia. (Quand on regarde la mention légale de la CNIL, c’est à mourir de rire!), mais je pense que l’on peut proposer une alternative opensource sécurisée dans un proche avenir. Je vais me pencher sur le problème pour que mon fils (11ans) puisse voter aux présidentielles de 2017 par Internet.
Je viens d’ouvrir un repository pour cela:
OEU
Merci pour ce débat qui est concret et qui essaye d’avancer,
Malheureusement je dois vous contredire à nouveau mais cette discussion est intéressante.
– Tout d’abord les travaux de Chantal Engheard s’appuient bien sur les derniers travaux de cryptologie (notamment, et je me répète, ceux d’Eric Filiol). Par contre Vous êtes sûrement déçu de ne pas beaucoup y trouver de propos très techniques. C’est parce que contrairement à l’intuition que l’on pourrait en avoir, le problème du vote électronique à plus à voir avec la démocratie (confiscation au citoyen du contrôle de l’élection) qu’avec la technologique (sécurisation). C’est pourquoi je crois que d’avoir confié la question du vote électronique à la commission culture numérique est une erreur. Il faudrait confier cette question à la commission démocratie (en lien avec l’autre commission bien sûr) mais cette commission n’existe pas.
– Je suis par contre tout à fait d’accord qu’il faille faire de la recherche sur le vote électronique (il n’y en a pas assez). Cependant tous les développements techniques et de cryptologie possibles pour l’instant ne résolvent pas la réalité (actuelle) qui fait qu’un votre dématérialisé anonyme est intrinsèquement invérifiable. Pour arriver éventuellement à contourner cela, le seul « espoir » réside dans des recherches en mathématiques ou en théorie de l’information. Pour être honnête je doute que l’on arrive un jour à contourner l’invérifiabilité intrinsèque du vote électronique mais il ne faut jamais insulter l’avenir.
Quoi qu’il en soit, et comme l’a dit Cécile Duflot, le problème du vote électronique est qu’il repose sur la confiance et non le contrôle comme pour le vote papier. Aucune solution techno aussi sophistiquée que je puisse imaginer actuellement, ne résolvera pas le problème que le citoyen ne contrôle plus le scrutin. Je ne participerais donc pas au développement d’un outil (libre ou pas) qui va confisquer le droit de contrôle des élections à votre fils en 2017.
Hervé,
Je pense (un pari sur l’avenir!) que l’on peut concevoir un système de e-vote sure et compréhensible d’un jeune bachelier, en se donnant les outils pédagogiques pour expliquer tous les détails de la procédure. C’est une exigence démocratique !
Je n’accepte donc aucune concession sur le contrôle. Chaque citoyen peut compter à la main, mais aussi avec son tableur préféré les résultats (Le fichier peut être gros pour des élections larges).
Le projet que je viens d’ouvrir a justement cet objectif pédagogique et pratique.
Merci pour tous les arguments développés sur votre site. Ils me servirons. Je prendrai le temps d’y répondre dans la doc et je lirai les études techniques et aussi de science sociale pour expliquer/rassurer sur notre système, mais pour l’instant, il n’est qu’au stade embryonnaire.
Je parlerai de la matérialisation du vote, car un vote complètement matérialisé imposerait que les candidats se présentent physiquement devant chaque électeur. Les démocraties moderne présupposent que chacun sait lire, donc reconnaitre les noms des candidats sur un morceau de papier, mais le bulletin est une forme dématérialisé du vote. Dans une société éduqué aux rudiments de crypto tout citoyen peut vérifier son vote, le comptage et la procédure tout entière.
Allez, voici ma clé publique:
ssh-rsa AAAAB3NzaC1yc2EAAAADAQABAAABAQC+zPDnKr6qzbaKWFFuelP5XiQNhCE4A19G/vCC2GfMqf3RNSzDvvsVJjng1zSKQYzaK4iNNH9fnNhb7rvMQ/lVmpGzlGBtGS/udkk8CJvL5+j9/juiSzOHnhA3mhf+EbO87w3XXZbYVczzOCOJVqXHcA5bpBENtzdN0XrKQ2wAs9sZROYQoGm7d3J0S4bdusPNMwuYzNZVX8gm73KcHAh/seS43GlOEBQhAC5gZZXWQosOrwm7OlURqRRXef2Dd5pCd1hsIvV3uYMfldRn92f9wsP/TKctMv67FT2vRwsETBinOQX25wNFHt+RQYifubD2dJvxrHKgsCwXMjJNYsl9
Ce n’est pas celle qu’ Extelia me donnera pour voter aux primaires.
Le vote par e-mail n’est pas très démocratique (selon moi) parce que pas tout le monde à un ordinateur.
Comme on aura dans une Société Écologique moins de voitures (par la localisation du travail et le plus court possible distance entre l’endroit de « production » et de « consommation ») et aussi moins de machines à laver (parce que des machines à laver peuvent servir pour plusieurs petits ménages, comme c’est déjà le cas aux pays scandinaves) et encore de moins en moins téléviseurs (moi, je n’ai pas de télé, alors je ne suis pas « emballée » par des animateurs de télé, ni par le bling-bling de beaucoup de personnes)… on aura aussi de moins en moins d’ ordinateurs (qui, eux aussi, peuvent être utilisés par plusieurs personnes, qui personnellement dépenseront moins de temps devant le petit écran). Moins de « mobiles » aussi (parce que ces petits trucs sont mauvais pour la santé).
Par contre nous devons garder les petits bureaux de Laposte.
Alors: on votera en papier et on postera l’enveloppe à pied ou en bicyclette chez Laposte (comme service publique), non? Comme on fera ses courses à pied ou en bicyclette chez beaucoup plus de petites entreprises de proximité.
Bon dimanche,
Irma
Bonjour,
je viens de lire les articles pré-cités, et, je propose peut-être d’envisager une autre façon de penser avant de faire acte de voter, où je dirais pourquoi votez vous ? pour parti ? d’accord mais pourquoi ? et ce parti, représenté par un individu répond t-il à vos questions, aux valeurs humaines auxquelles vous estimez quelles sont à atteindre ? Bien sur le où les systèmes actuels vont vous rétorquer a renfort de communication masse média, que, si vous ne votez pas, « votre » voix(?) sera l’effet de servir le pire… on se croirait retourner à notre enfance où maman où papa nous raconte un vilain conte pour nous effrayer…. mais chers personnes, sans que je détienne une seule vérité, que je sache le droit de vote est en place pour ce que nous considérons des membres adultes de la communauté humaine, j’écris bien adultes. Hors, ce que je constate c’est la déplorable apathie politique dans laquelle et depuis fort longtemps nous sommes englués sous une baisse morale du rapport à l’autre, et que plus nous soit disant modernisons nos rapport de communication, nos productions…. ect , plus nous nous interdisons ce principe même de vie de rapport à l’autre, et, ce qu’il y a de hautement culturel c’est cela.
Bien sur l’écologie est une des voies, un appel à la conscience que nous sommes plusieurs à vivre sur cette planète, et qu’il serait de bon ton de s’en souvenir, que cette émotion, naturelle chez l’homme l’amène à penser, à créer des possibles entre nous. Relativiser aussi que si parfois une personne n’est pas encore emprunté une voix de conscience élevée, ce n’est pas pour autant qu’il faut lui jeter la pierre où la montrer comme indésirable ; car cet effet là, n’a que pour conséquence de mettre en marge des individus, qui, ces derniers pourraient devenir en réaction négative soit en leur endroit soit envers les autres, et dans les deux cas, je ne pense pas que nous fassions voeux d’humanités.
Je conclurais, par cet appel aux consciences, avant de voter, de demander à d’autres de prendre en charge ce que de sa propre personne on peut changer, déjà en soi même, et peut remettre en cause toutes expressions de puissance, car remettre en cause ce n’est pas le faire en surface. Bien des expressions de cette puissance puérile et destructrice de l’homme, parfois d’une homme auxquels répondent d’autres hommes, peuvent se faire jour sur le pire, et nous en Europe en savons quelque chose et depuis les campagnes menées de l’Afrique à la Russie en passant par l’Allemagne, à la plus aberrante production d’automobile sur puissante qui créaient chez sont possesseur, au fond de son inconscience des sentiments ambivalents envers les autres, qui ne s’exprime par un besoin d’écraser l’autre, cela n’est que des plus caricaturales destructions, mais qui engendrent beaucoup de destruction du patrimoine naturel et humain, engendrent celle un esprit destructeur.
Comment pouvons nous encore accepter de nous laisser distraire par des machines, des images vidées de toutes symboliques, de tous sentiments idéals, de laisser place aux valeurs du pratiques et d’oublier que tout autour de nous est là la beauté, elle bien vivante, et nous nous restons agripper à la sécurité, la rentabilité, les honneurs… ect, c’est peut-être par là qu’il faut commencer, de savoir comment re aimer vraiment et laisser de coté tous ces gadgets, formulaires et autres aliénations. L’autre est là, ne l’oublions pas pour faire plaisir à des idéologies qui nous emmènent à nous désunir.
H. G. de Les Pavillons Sous Bois